UNE ETUDE THEMATIQUE ET SOCIOCULTURELLE DES PROVERBES FRANÇAIS ET YORUBA

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ABSTRACT

This dissertation tittle ‘’ Une étude thématique et socioculturelle des proverbes français et yoruba.’’ Discussed proverbs in two languages namely French, is a roman language from Latin and Yoruba is a tonal language which belongs to the group of kwa languages classified amongst the family of Benue Congo or Niger Congo languages, These two languages, even though are different in many aspects (culturally, racially, belief) and converge in the direction of use and meaning while using proverbs. Yoruba and French proverbs were analysed through thematic, cultural and functional comparisons. The study of proverbs through thematic, cultural and functional, shows a high rate of similarities in both languages which proves that they are universal irrespective of their linguistic differences.

 
RESUME

Ce travail de recherche intitulé ‘’ Une étude thématique et socioculturelle des proverbes français et yoruba’’ analyse les proverbes dans la langue française, une langue romaine, issue du Latin et la langue yoruba est une langue tonale appartient au groupe des langues Kwa classées au sein de la famille des langues de Benue Congo ou Niger Cong, Ces deux langues bien que différentes sur le plan (culturel, racial, religieux), convergent dans la même  direction du sens et de la fonction des proverbes. Les proverbes français et yoruba sont analysés à travers une comparaison thématique, culturelle et fonctionnelle. Cette étude des deux langues sur le plan culturel, thématique et fonctionnel montre une très grande similarité démontrant ainsi leurs natures universelles en dépit de la différence linguistique qui les caractérise.
 



TABLE OF CONTENTS

ABSTRACT viii
RESUME ix

INTRODUCTION GENERALE
1.0 La langue en général (histoire et importance) 1
Histoire de la langue yoruba 7
Aperçu de la langue française 9
Définition de proverbe 12
Annonce du plan 15

CHAPITRE UN
PROBLÈME DE LA RECHERCHE
Introduction 16
Enonciation du problème 16
Questions de recherche 17
Objectifs de l’étude 17
Justification de l’étude 18
Portée et limite de l’étude 19
Conclusion 19

CHAPITRE DEUX
ETAT DU SUJET
2.0 Introduction 20
Définition de la culture 20
Spécificités et importance de la culture 24
Les traditions 24
Les coutumes 25
La croyance 25
Systèmes de valeurs 26
Particularités de la culture yoruba 27
Particularités de la culture française 29
Travaux critiques sur les proverbes yoruba 31
2.7. Travaux critiques sur les proverbes français 38
2.7. Conclusion 45

CHAPITRE TROIS:
METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE
3.0 Introduction 46
Constitution du corpus 46
Choix d’approche d’analyse 47
L’approche thématique 48
Approche socioculturelle 50
L’approche comparative 51
Conclusion 52

CHAPITRE QUATRE
ETUDE THEMATIQUE DES PROVERBES YORUBA ET FRANÇAIS
Introduction 53
Similarités des thèmes dans les proverbes yoruba et français 53
Le thème de vérité universelle 53
Le thème d’avertissement 55
Le thème de conseil 58
Le thème de la sagesse 62
Le thème de l’encouragement 65
Différences des thèmes dans les proverbes yoruba et français 66
Le thème de l’encouragement 66
Le thème de l’appréciation 67
Quelques thèmes sur l’encouragement et l’appréciation en français 69
Quelques thèmes sur l’appréciation en français 70
4.3  Conclusion 72

CHAPITRE CINQ
ETUDE SOCIOCULTURELLE DES PROVERBES YORUBA ET FRANÇAIS
5.0 Introduction 73
Aspects socioculturels des proverbes yoruba 73
Les similarités et différences au niveau de la place socioculturelle des proverbes 85 5.2.1. Les proverbes sur la vérité universelle 85
5.2.2 Les proverbes sur l’avertissement 86
5.2.3. Les proverbes sur le conseil 87
5.2.4 Les proverbes sur la sagesse 89
5.2.5. Les proverbes sur l’encouragement 90
5.3.1. La fonction de vérité universelle 91
5.3.2 La fonction d’avertissement 92
La Fonction de conseil 94
La fonction de sagesse 95
5.4. Conclusion 97
CONCLUSION GENERALE 98
BIBLIOGRAPHIE 100



 
INTRODUCTION 
GENERALE

1.0 La langue en général (histoire et importance)
Dans cette étude, nous voulons entreprendre une analyse contrastive des proverbes français et yoruba, deux langues appartenant à des groupes linguistiques différentes. L’étude envisagée est à la fois linguistique et culturelle ; linguistique parce qu’elle porte sur les langues yoruba et française, puis culturelle parce qu’elle se focalise sur deux sociétés de cultures différentes, à savoir la société yoruba et la société française. Mais, avant de se lancer dans le travail proprement dit, il est nécessaire de faire un survol de l’évolution de la langue en général.

L’évolution de la science contemporaine apporte d’amples précisions, aujourd’hui, sur la place que continue d’occuper l’homme dans l’univers terrestre  et  dans l’histoire de la langue plus qu’à aucune autre époque historique. Les questions relatives à l’origine de la langue surtout sont évaluées à deux niveaux : le bilan des conclusions actuelles et celui des premiers penseurs. Ainsi l’avancement de la réflexion scientifique actuelle trouve une plateforme comparative validée par des réalités sociales vécues, des cultures diverses et surtout par un vaste contexte historique.

Le courant  historique des recherches sur l’origine et l’évolution du langage  prend sa source dans le christianisme et le judaïsme. Ainsi, selon l’Ancien Testament : “Yahvé Dieu modela encore du sol toutes les bêtes sauvages et tous les oiseaux du ciel et il les amena à l’homme pour voir comment celui-ci les appellerait : chacun devait porter le nom que l’homme lui aurait donné. L’homme donna des noms à tous les bestiaux, aux oiseaux du ciel et à toutes les bêtes sauvages… ” (La Genèse II : 19-20).
Toujours  selon  l’Ancien  Testament,   “Au  commencement   était  le  Verbe  et le Verbe   était   avec Dieu. Et le Verbe était Dieu. Il   était au commencement avec  Dieu.
 
Tout fut par lui, et sans lui rien ne fut.” L’Evangile selon saint Jean, Prologue 1-3. A travers ces deux extraits, nous sommes amenés à conclure que Dieu et le Verbe se confondent, et tous deux (ou leur unité) possèdent la puissance créatrice grâce à laquelle le monde a émergé. La langue offre la possibilité de s’approprier ce dernier et de le représenter. C’est cette puissance que Dieu cède à l’homme en lui offrant le Verbe. L’origine de la langue humaine devient alors la possibilité de répondre à Dieu et à sa création selon Gerbier (cité par Christophe 9). Cette origine divine de la langue expliquera la recherche de la langue parfaite ou adamique dans la tradition judéo- chrétienne, afin de se rapprocher de la divinité.

C’est bien plus tard, que des premières expériences sur l’origine du langage ont débuté. Plusieurs souverains ont tenté l’expérience de priver de jeunes enfants de toute interaction linguistique avec l’espoir de les voir spontanément parler la langue originelle de l’humanité, comme le décrit Fréderic Kaplan (Kaplan 1-2). Dans un passé plus lointain, Imhotep, officiel très renommé de la 3e dynastie égyptienne (XXVIIème siècle avant notre ère), architecte, prêtre, poète et médecin, explique, suite à ses investigations et ses recherches médicales, la relation physiologique entre le langage et le cerveau (Christophe 6). Puis au VII siècle avant notre ère, le pharaon Psammétique I espérait  aussi démontrer que l’égyptien était la première langue des hommes. Le mot ‘’bekos’’ qu’aurait prononcé l’un des enfants l’aurait cependant amené à conclure que le phrygien était une langue encore plus ancienne. Soulignons que « bekos » désigne le pain. Plus tard, l’empereur Fréderic II de Hohenstaufen, au XIIIème siècle, échoue à découvrir la langue originelle parmi l’hébreu, le latin, le grec et l’arabe. Au tournant du XVIème siècle, sous le règne de James IV d’Ecosse, des enfants élevés par une nourrice muette auraient spontanément parlé Hébreu (Christophe 6). Toujours selon Christophe, en Inde, Akbar le Grand (1542-1605) fit construire la Gang Mahal (ou “maison des idiots”), d’où aucun son ne filtrait, pour y enfermer des enfants. Ceux-ci ne développèrent cependant aucun langage (6).

La pensée grecque sur le lien entre les noms et les choses du monde fut l’une des premières à s’attarder sur la nature du langage, ainsi que sur son origine, avec une approche souvent proche de considérations sémiologiques. En effet, le principal débat de l’Antiquité à propos du langage concerne la nature de la relation entre les mots et les choses du monde réel. Pythagore qui résume une des deux positions des penseurs grecs, pense que le lien entre les noms et les objets qu’ils désignent est naturel (phusei), ce qui signifie que les premiers ne sauraient posséder une autre forme que celle qu’ils prennent pour désigner les objets du monde qui leur correspondent. Cette relation se retrouve d’ailleurs dans d’autres systèmes philosophiques, la pensée indienne offre  même  un  mot, “nama-ruῥa” (nama, le nom, ruῥa, la forme) pour transcrire cette relation indissociable. Les mots acquièrent par le lien naturel la puissance des choses et le langage devient sacré car il exprime la Nature elle-même. La parole des rishis, les voyants védiques de l’Inde, est ainsi si puissante et présentatrice de la Nature que même les Dieux doivent y obéir. (hpp://perso.club-internet.fr/sergecar/cours/langag5.htm).

Selon Robin (20), la question de l’origine naturelle ou conventionnelle du langage va clairement poser, à travers le lien qui relie les mots aux choses qu’ils désignent par le biais des deux personnages, Cratyle et Hermogène. En effet, Pythagore introduit le point de vue Platonien et son opposé en expliquant que tel nom aura pu poser un tel pour telle chose, c’est celui-là qui est le nom correct; que plus tard, à sa place il en pose un autre et ne recours plus, pour la chose dont il s’agit, à cette appellation, il n’y a pas du tout moindres rectitudes dans le second cas que dans le premier. Le fait est que, de nature et originellement, aucun nom n’appartient à rien en particulier, mais bien en vertu d’un décret et d’une habitude, à la fois de ceux qui ont pris cette habitude et de ceux qui ont décidé l’appellation. Robin (20) ajoute qu’une des plus importantes découvertes du XIXème siècle est sûrement celle des mécanismes de l’évolution par Charles Darwin. Par l’observation de la faune et de la flôre des îles Galápagos, ce chercheur (Charles Darwin) démontre que l’évolution agit par différentiation et évolution graduelle des espèces (“Natura non facit saltum”, la nature ne fait pas de bonds). Selon lui, les êtres vivants contemporains descendent ainsi d’ancêtres communs plus ou moins lointains. L’évolution est le produit d’adaptations, c’est-à-dire de modification du comportement ou d’attributs phénotypiques qui améliore l’adéquation d’un organisme à son environnement. L’homme se voit ainsi inclus de façon tangible dans le règne animal. Cette révolution fondera l’ensemble des études comparatives entre les systèmes de communication des animaux et le langage humain, ainsi que la question du passage des premiers à ce dernier. En outre, sur une échelle temporelle plus restreinte, il devient possible de replacer l’émergence de la faculté de langage dans la phylogénie humaine et d’envisager les “raisons” qui ont conduit à son émergence. Darwin, lui-même, se penche sur cette question, et conclut que c’est la plus grande intelligence de l’homme qui lui permet de parler. Selon lui, « Le fait que les singes supérieurs n’utilisent pas leur organes vocaux pour la parole est dû indubitablement au fait que leur intelligence est insuffisamment développé » (Darwin  45).
Malgré les progrès que nous venons d’´évoquer, la charge des conceptions religieuses continue de peser sur la question de l’origine du langage au XIXème siècle. Parallèlement à ces pressions sociales se développe également un courant scientifique caractérisé par une plus grande rigueur dans l’´établissement des faits et des conclusions scientifiques. Comme conséquence peut-être du rigorisme de ce courant, la question de l’origine du langage perd sa pertinence aux yeux de certains savants de l’époque. Les outils utilisés pour son étude sont considérés comme trop limités ou inconsistants et les hypothèses farfelues trop nombreuses. Ainsi, la prestigieuse Société Linguistique de Paris décide en 1866 d’interdire, en son sein, toute communication relative à l’origine du langage. L’interdition est reprise en 1911 par la « Philosophical Society » de Londres. La linguistique moderne s’est donc établie pendant la majeure partie du XXème siècle sur un rejet hors de ses frontières de la question de l’origine du langage.

Parmi les développements sans relation directe avec la question de l’origine des langues et du langage, il convient de mentionner les travaux du Suisse Ferdinand de Saussure (1857-1913).En effet, Saussure est souvent considéré comme le père de la linguistique moderne. Fondateur du courant structuraliste, il va dominer la linguistique avant les années 1960, avant de s’étendre à d’autres disciplines comme l’anthropologie sous l’influence en particulier de Lévi-Strauss. Parmi les concepts-clés aujourd’hui usuels introduits par Saussure, en particulier dans son célèbre Cours de linguistique générale (publié en 1916) sont : la notion d’arbitraire du signe, l’opposition entre la langue et le langage, la langue et la parole, la distinction entre la synchronie et la diachronie. Les conceptions de Saussure sont surtout caractérisées par les considérations systémiques qui sont appliquées au langage, système “fonctionnel” dont le but est l’expression et la communication. Le structuralisme se propose ainsi d’étudier le système linguistique en soi et en tant que structure décomposable. Il repose sur les postulats d’indépendance de la forme et d’autonomie du langage.

A travers ce qui  précède, nous avons mis en relief les différentes conceptions sur l’origine de la langue notamment les conceptions historique (mettant Dieu à l’origine de la langue) et physiologique (qui établit un lien entre le cerveau et le langage), la conception sémiologique développée par les grecs et la conception évolutionniste de Darwin. Nous avons également expliqué que l’origine de la langue n’est pas le seul centre d’intérêt des chercheurs. A partir du XIX siècle le langage a été le centre des réflexions  de la part de chercheurs et théoriciens tels que Ferdinand de Saussure et Noam Chomsky, entre autres. En effet, la pertinence de la langue dans les rapports humains préoccupe aussi beaucoup de chercheurs dont Emile Benveniste, André Martinet, Robert Chaudenson, pour en citer quelques-uns. Par exemple, Benveniste affirme que le langage est pour l’homme un moyen, en fait le seul moyen d’atteindre l’autre homme, de lui transmettre et de recevoir de lui un message. Par conséquent, le langage pose et suppose l’autre. Immédiatement, la société est donnée avec le langage. La société, à son tour, ne tient ensemble que par l’usage commun de signes de communication. Ainsi, chacun de ces deux entités : langue et société implique l’autre (Benveniste 91).

Les propos de Benveniste, inspirés de la philosophie du langage, mettent en relation la langue et la société. Ainsi, la langue constitue le fond de la culture sociale et c’est elle qui véhicule le savoir (culture) qui n’est autre chose que l’ensemble des faits, des pratiques et des pensées transmis d’une génération à l’autre et à travers le temps. Acquérir une langue, c’est donc acquérir les habitudes inconscientes de communication propres à une communauté donnée et à une culture donnée. La langue est un instrument qui sert à agencer le monde et la société. Quel que soit l’environnement social où on la parle, chaque langue est spécifique en ce sens qu’elle modifie le monde à sa manière. Et chaque langue possède aussi une culture qui met en relief la vie sociale des locuteurs de cette  langue.  C’est  cette dynamique  culturelle  que nous  voulons  montrer à travers  les proverbes yoruba et français dans une perspective thématique et socioculturelle à travers cette recherche. Cependant, avant de continuer, il nous semble nécessaire de présenter d’abord la langue yoruba.

Histoire de la langue yoruba
Selon les travaux de Caron, les langues du Nigeria sont classées en trois grandes catégories : les langues majeures, appelées aussi les langues nationales ou langues d’enseignement ou encore langue de culture; ces langues sont : le hausa, l’igbo et le yoruba. Le yoruba ou yorouba est une langue à tons appartenant à la famille des langues nigéro-congolaises. Elle est classée dans les langues Yoruboid, qui sont des langues africaines formant une branche de la famille Bénoué-congolaises. Les études sur la langue yoruba ont commencé en Sierra Leone au début du 19e siècle. Le yoruba avait été une langue non écrite jusque-là, peu connu en dehors de l'Afrique de l'Ouest. C’est en 1819 que Bowdich a publié la première liste de mots yoruba, introduisant ainsi la langue yoruba aux linguistes. Mais un vocabulaire important yoruba n’est connue jusqu'en 1828 quand Hannah Kilham publie un recueil de vocabulaires de 30 langues africaines, dont la plupart ont été recueillies en Sierra Leone. (http://llacan.vjf.fr/fichiers/caron/caran/lngNigeria.htm) Entre1843et1849, le yoruba était devenu l'une des premières langues ouest- africaines ayant une grammaire écrite et un dictionnaire. The Vocabulary of the Yoruba Language,par Samuel Ajayi Crowther, est publié en 1843. Et en 1859, un journal yoruba est apparait tandis qu’une orthographe de la langue yoruba est créée par « Church Missionary Society » à Lagos, au Nigeria en 1875. La première poésie en yoruba est écrite en 1905 par l'écrivain prolifique et populaire Sobowale Sowande. (http://desmotsetdeslangues.eklablog.com/tag/vocabulaire+yoruba).
 
Le yoruba est parlée par beaucoup de personnes au sud-ouest du Nigeria (où se trouve Ilé-Ifè, ville de la création selon le mythe)  et des communautés yoruba du Bénin  et du Togo. En effet, au Nigeria, les locuteurs yoruba résident principalement dans les Etats du sud-ouest tels que Oyo, Ogun, Osun, Ondo, Ekiti, Lagos, Kogi et Kwara.

Langue à tons, le yoruba est une langue Kwa qui dispose de trois tons de base, mais significatifs. Selon Bamgbose (1966), le yoruba est un continuum de dialectes constitué de plusieurs dialectes distincts. Adetugbo (1982) estime le nombre total de dialectes yoruba entre 12 et 26. Il convient de préciser que les différences entre ces dialectes sont marquées par la prononciation et le vocabulaire.

Cependant, hormis cette différenciation linguistique tout le monde peut comprend un yoruba standard comme un terme commun de référence, les différentes  sociétés yoruba partagent un grand nombre de traits culturels et linguistiques (mythes fondateurs, système de croyances, organisation sociopolitiques, genres littéraires, etc.). La preuve est qu’un yoruba standard fondé sur les parlers Òyó et Ègbá s’est développé au fil du temps. Enseigné à l’école, utilisé dans les médias, et employé dans la littérature, cette langue standard est comprise par l’ensemble des groupes constitutifs des locuteurs yoruba contemporains. En république du Bénin, les dialectes yoruba comprennent Ketu, Nago, Ijjé, Ajase, Idaitsa, Tsabe; tandis qu’Ana et Itsa sont deux des dialectes trouvés au Togo. Certains dialectes yoruba sont également présents dans la diaspora africaine, en particulier dans les Caraïbes. Le dialecte de yoruba utilisé au Brésil est appelé nago, tandis que celui utilisé au Cuba est appelée Lucumi. Il est cependant possible de classer les formes dialectales yoruba trouvées au Nigeria en cinq groupes régionaux: yoruba Nord-Ouest (NWY); yoruba Nord -Est(NEY); yoruba Central (CY); yoruba Sud-Ouest(SWY); yoruba Sud-Est Yorùbá (SEY) (www.inalco.fr/langue/yoruba).
 
Ayant fait un parcours de l’histoire de la langue yoruba et des pays et les états où elle est parlée et ayant présenté les différents dialectes de cette langue, il nous semble nécessaire de parler de la langue française. Puisque cette recherche porte sur le yoruba et le français.

Aperçu de la langue française
Le français est une langue romaine, issue du latin. Le francien est le pidgin, dialecte de langue d’oïl, parlé par les Francs. C’est l’ancien français avant le français moderne. On parle l’ancien français du IXe au XIIIe siècle, le moyen français du XIIIe au XVIIe siècle et le français moderne à partir du XVIIe siècle. L’évolution du francien au français moderne a été l’œuvre des écrivains de la Pléiade et d’un grand nombre de personnes également célèbres au XVIe siècle sous la direction de Ronsard.

L’Académie Française, créée en 1635, est chargée de codifier et de réglementer l’usage du français. Les mots du français moderne viennent du latin, du grec et des langues européennes comme l’italien, l’espagnole, le portugais, l’allemand et surtout l’anglais. Dans les années 60, il y a eu le franglais où beaucoup de jargons étaient utilisés, du japonais, de l’arabe et des langues africaines. Aujourd’hui, en France, au sein de la jeunesse il y a plusieurs façons particulières de parler français. Parmi tant d’autres, citons l’argot, la troncation, le verlan, etc. (www.cnrtl.fr).
L’histoire de la langue française, depuis ses origines, démontre qu’elle est restée au fil des temps une langue qui a pu préconiser le mieux le langage « de donner et du recevoir ». Elle s’est avérée comme une langue qui a très bien favorisé le mélange des idées et des cultures. C’est ainsi que la culture humaniste de l’Eglise a pu rejoindre la culture guerrière de la Gaule d’antan pour devenir la langue de l’Ile de France qui a fini par devenir, dès le 18e siècle, la langue par excellence des droits de l’homme et des droits d’une collectivité de personnes de cultures hétérogènes, leur permettant le droit de disposer d’eux-mêmes.

Parmi les facteurs ayant contribué à la propagation du français, on peut parler des facteurs historiques comme le commerce par la pénétration des Français en Afrique engendré par les comptoirs commerciaux, ces comptoirs se développent au XVII et XVIII siècle, notamment en Afrique occidentale pour la traite des noirs et le commerce du coton et en Inde pour les épices. A travers ce commerce les Français ont commencé à enseigner le français à ces pays.

Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, l’Europe bénéficie d’une incontestable supériorité technique, financière et militaire. Les Européens explorent l’intérieur des terres mal connues en Asie et en Afrique. Certains territoires conquis deviennent des colonies de peuplement, comme le Canada. Mais la plupart sont des colonies d’exploitation. La colonisation bouleverse les sociétés autochtones : les peuples colonisés se trouvent déchirés entre l’influence européennes et leurs traditions. Les européens diffusent leur langue, leur religion, leur mode de vie dans les pays colonisés, c’est le cas du français qui devient la langue de l’administration et avec la création des écoles, il est enseigné dans les colonies. Selon Ariole, De là, la langue française a réussi à donner aux colonisés le privilège à vouloir assimiler les cultures et civilisations des Français et ensuite à répugner le processus d’être assimilé. Un paradoxe, dira-t-on ! Or, par rapport à la mondialisation forcée de l’anglais. Cette langue d’assimilation, comme on dit du français, préconise aussi la volonté des gens de s’associer ou de se particulariser sans se haïr. General De Gaule a démontré ceci pendant la IVème république avec le rapprochement qu’il a fait de son referendum en Afrique (Ariole 40).

Le français est une langue moderne. Il est parlé, écrit et utilisé comme toutes autres langues modernes ; il est aussi l’une des langues importantes rxomaines. Plus de 200 million de personnes parlent français sur les 5 continents. Le français est la langue étrangère la plus largement apprise après l’anglais et la neuvième langue la plus parlée dans le monde. C’est également la seule avec l’anglais que l’on peut apprendre dans tous les pays du monde. Le français est une langue majeure de la technologie de pointe et des affaires dans le monde. Plus de 20000 mots anglais ont leurs origines en français parce que le français a été la langue officielle de l’Angleterre pendant lngtemps. Le français a été la langue de la noblesse, de l’élite et de la diplomatie en Europe et l’Empire Ottoman mais il a été supplanté par l’anglais au début du 20e siècle (www.iae.uncaen.fr/international/pays.pdf.).

Le français est l’une des langues du travail et la langue officielle dans plusieurs organisations comme l’Organisation des Nations Unies (ONU), l’Union Européenne, l’organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture (UNESCO), l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), le Comité Internationale Olympique, la Croix Rouge Internationale, l’Union Africain, la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et plusieurs instances juridiques internationales. Le français est la langue des trois villes sièges des institutions européennes : Strasbourg, Bruxelles et Luxembourg.

Sur le plan géographique, le français est la langue officielle en Belgique, en France, en Suisse, au Canada, en Haïti, à la Guyane, au Comores, aux Seychelles etc.  Les
pays qui parlent le français en Afrique sont au nombre de 34 et représentent une surface plus vaste que les Etats-Unis. Le français est la langue officielle de 17 pays africains comme : le Benin, le Burkina Faso, la Burundi, le Cameroun, le Tchad, le Congo Brazzaville, le Congo Kinshasa, la Côte d’Ivoire, le Gabon, la Guinée Conakry, le Madagascar, le Djibouti, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Rwanda, le Sénégal, le Togo. Le français est la deuxième langue majeure en Algérie, au Cape Vert, en Guinée Bissau, au Maroc, à São Tomé et Principe, en Syrie, en Tunisie etc. Tous les pays mentionnés font partie de l’organisation internationale appelée aujourd’hui la Francophonie.

Après l’anglais et l’allemand, le français est la troisième langue sur l’internet devant l’espagnol. (www.cnrtl.fr). Le français permet de poser un autre regard sur le monde en communiquant avec les francophones sur tous les continents et s’informant grâce aux grands media internationaux en langue française (TV5, France24, Radio France Iinternationale etc.). C’est une langue riche et mélodieuse qu’on appelle souvent la langue de l’amour. C’est aussi une langue analytique qui structure la pensée et développe l’esprit critique. Après avoir présenté les deux langues qui font l’objet de notre recherche, il nous semble important, à ce stade de parler du proverbe.

Définition de proverbe
Un proverbe est une formule langagière de portée générale contenant une morale, une expression de sagesse populaire ou une vérité d’expérience que l’on juge utile de sens. Il n’est pas attribué à un auteur, contrairement à la citation ou l’apophtegme. Les proverbes sont souvent très anciens, d'origine populaire et par conséquent de transmission orale.

D’après Finnegan le proverbe signifie ’’a saying in more or fixed form marked by‘’ shortness sense, and salt’’ and distinguished by the popular acceptance of the truth tersely expressed in it’’ (Finnegan 395). Elle continue en disant que ‘’Can we distinguish proverb from other forms of oral? Or, in deeds, from ordinary cliché and idioms, and from related but it forms as maxims and apophthegms?’’ (Finnegan 395). Finnegan classifie le proverbe comme les genres de l’oralité parce qu’il a les mêmes caractéristiques que les folklores, les fables, les histoires les charades etc.

Pour sa part, c’est dans un contexte littéraire que Onyemelukwe définit le proverbe en ces termes : « Le proverbe est un genre littéraire profondément contextualisé, se réfère simplement à un énoncé populaire qui est porteur d’une observation de bon sens, d’une vérité générale, des valeurs sémantiques et culturelles dans le cadre d’un contexte spécifique » (La littérature orale 124). En d’autres termes, le proverbe se manifeste dans un contexte culturel bien spécifique à une langue ou à une société donnée.

Quant à Kalgo, il explique que ‘’Le proverbe peut être aussi une expression codée que l’on emploie pour donner un conseil ou pour exprimer une vérité connue par expérience et qui devient un élément important du patrimoine d’une communauté donnée’’ (172). Pour Kalgo donc, le proverbe constitue une partie intégrante du patrimoine d’un peuple ou d’une société. Le proverbe est une expression aussi vieille que la communauté linguistique et le résumé de la sagesse de cette communauté.

Pour certains, le proverbe est un langage très significatif dans une société donnée dans le sens où le proverbe permet de transmettre des messages voire des valeurs sociales et culturelle. C’est dans cette perspective que Nwadike, cité par Onyemelukwe, definit le proverbe comme ‘’ A form of speech which is pregnant with meaning.’’(125). Autrement dit, le proverbe ne se dit pas inutilement mais sert à passer un message ou une information. En effet, les proverbes sont généralement des phrases courtes que les gens citent souvent pour donner des conseils ou faire des commentaires généraux sur la vie. Un proverbe est donc une courte expression bien connue qui indique une vérité d’ordre générale et donne un conseil.

Selon Cécile Leguy, le proverbe « C’est d’abord une parole qui a été citée par les anciens, qui a été prononcée une première fois un jour, à une époque connue ou inconnue. Elle trouve son sens dans la vie quotidienne de toutes les générations, ce qui lui donne une valeur éternelle et universelle » (154). Leguy fait allusion ici à l’origine du proverbe, sa fonction sociale et sa valeur perpétuelle et mondiale voire planétaire. Cette définition de Leguy nous intéresse beaucoup et s’insère dans la perspective de notre recherche; car elle met l’accent sur la valeur universelle des proverbes et permet de constater que le proverbe n’est pas une particularité d’un seul peuple mais de tous les peuples du monde entier.

En général, les proverbes peuvent être considérés comme des dictons qui s’attachent directement à un contexte donné, en toute vérité et objectivité. En Afrique et dans les cultures nigérianes en particulier, ils sont considérés comme des outils qui véhiculent des significations interculturelles entre les membres d’une région, d’une même communauté ou d’un même pays. Certains proverbes donnent à la fois un sens littéral et un sens figuré de ce qui est parfaitement logique. Un proverbe porte souvent le signe d’un passé lointain, il reflète les contextes socioculturelles précises à des époques connus dans l’histoire d’une région ou d’une société.

Il existe souvent une similarité entre les langues et l’idée exprimée par certains proverbes. C’est cette dynamique culturelle qui a attiré notre attention et qui nous pousse à travailler sur les proverbes yoruba et français dans une perspective thématique et socioculturelle.
 
Annonce du plan
Rappelons que dans ce travail, notre objectif est de voir si les proverbes yoruba trouvent leurs équivalences en français et s’il y a une similarité thématique et socioculturelle entre les deux sociétés (yoruba et française). Le travail est divisé en cinq chapitres. Le premier chapitre présente le problème de la recherche, les objectifs de la recherche, la justification, la portée et la limite de notre étude. Dans le deuxième chapitre, qui porte sur l’état du sujet, nous tentons de mettre en relief les travaux déjà réalisés par rapport aux proverbes yoruba et français pour pouvoir établir la nouveauté de notre travail. Dans le troisième chapitre, traitant de la méthodologie, nous présentons la constitution de notre corpus et les approches qui servent à l’analyse des proverbes, notamment l’approche thématique parce que le proverbe porte toujours sur un thème ; l’approche comparative parce qu’il s’agira de comparer les proverbes dans les deux langues ; l’approche socioculturelle car le proverbe est employé dans la société et fait partie du patrimoine culturel d’une société. Le chapitre quatre est consacré à l’étude thématique des proverbes yoruba et français et sert à mettre en relief les similarités et les différences des proverbes yoruba et français en ce qui concerne les thèmes. Le chapitre cinq porte sur l’étude socioculturelle des proverbes yoruba et français et présente les similarités et les différences en ce qui concerne la place et la fonction socioculturelle des proverbes dans les deux langues.

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