LA
TECHNIQUE DE MODULATION DANS LA TRADUCTION FRANCAISE DEC’EST LE SOLEILQUI
M’A BRULEE DE CALIXTHE BEYALA
Abstract
This study offers a comparative
and contrastive analysis of Calixthe Beyala’s novel C’est le soleil
qui m’a brûlée and its English translation The Sun Hath Looked upon Me
by Marjolijn de Jager, with attention to textual, paratextual, and metatextual
elements. It examines how the translator navigates the novel’s disruptive
stylistic effects—such as fragmentation, poetic syntax, and culturally embedded
expressions—and the central postcolonial and feminist themes. The analysis is
situated within Gérard Genette’s paratextual framework and Vinay &
Darbelnet’s translation method classification, focusing on modulation, equivalence,
and transposition. Results demonstrate how translation strategies balance
fidelity to the original’s tone with readability for an English-speaking
audience, revealing both the strengths (e.g., retention of rhythm, emotional
intensity, and feminist sensibility) and limitations (e.g., occasional dilution
of cultural nuance and implicit meaning) of the English version
Résumé (Abstract)
Cette recherche propose une analyse
critique de la version anglaise de C’est le soleil qui m’a brûlée de
Calixthe Beyala, en l’inscrivant dans le cadre théorique des procédés de
traduction identifiés par Vinay & Darbelnet (notamment modulation,
transposition, adaptation) ainsi que des approches stylistiques et féministes
(womanisme). L’étude explore la manière dont la violence institutionnelle et
personnelle envers les femmes, ancrée dans le contexte camerounais, est
retraduite en anglais, en s’appuyant sur les concepts de non-dit, fragmentation
narrative et expression chimérique pour souligner l’oppression patriarcale. En
analysant les choix linguistiques comme l’ordonnancement fragmenté, l’usage du silence,
et la densité émotionnelle — notamment via des passages métaphoriques (« soleil
»/« brûlure ») —, l’étude évalue dans quelle mesure la traduction réussit à
transmettre le ton poétique, l’intensité affective et la souffrance féminine
présente dans l’original. Enfin, la recherche propose un bilan critique quant à
la fidélité formelle et culturelle de la traduction, en soulignant les points
forts (respect du rythme, préservation de l’atmosphère féministe) et les
limites possibles (perte d’éléments implicites ou culturels non explicites).
TABLE DES MATIERES
CHAPITRE
UN
INTRODUCTION
1.1. Aperçu
général
1.2. Objective
de l’étude
1.3. Justification
de l’étude
1.4. À
propos du roman
1.5. Délimitation
de l’étude
1.6 Structure
de l’étude
CHAPITRE
DEUX
ETAT
DE SUJET
2.1
Cadre Conceptuel
2.1.1
Qu’est-ce que la traduction ?
2.1.2 La traduction comme produit
2.1.3
La traduction littéraire
2.1.4
La modulation comme technique de la traduction
2.2
Cadre théorique
2.2.1.
Définition et nature de la modulation
2.2.2.
Fondements théoriques de la modulation
2.2.3.
Modulation et traduction littéraire
2.3.
Les théories de la traduction
2.2.2
Les sept procédés techniques de la traduction
2.2.2.1
L’emprunt
2.2.2.2
Le calque
2.2.2.3
La traduction littérale
2.2.2.4
La transposition
2.2.2.5
La modulation
2.2.2.6
L’équivalence
2.2.2.7
L’adaptation
2.3
Bref aperçu de la théorie de modulation
2.4
Les différents types de modulation
2.5. Apport de la modulation dans l’analyse du roman
2.6 Contextualisation
de l’œuvre de Calixthe Beyala
CHAPITRE
TROIS
MÉTHODE
ET ANALYSE DE LA MODULATION DANS LA TRADUCTION DE
C’EST
LE SOLEIL QUI M’A BRÛLÉE
3.1 L’approche littéraire
3.2 L’échantillon
3.3 Méthode d’analyse
3.4. Présentation et analyse dedifférents types de
modulation comme utiliser dans le roman
3.4.1. Présentation et analyse de la modulation
syntaxique
3.4.2. Présentation et analyse de la modulation
sémantique
3.4.3. Présentation et analyse de la modulation
stylistique
3.4.4. Présentation et analyse de la modulation
culturelle
3.4.5. Présentation et analyse de la modulation par
analogie
3.5 Résultats
3.6. Synthèse des résultats
CHAPITRE QUATRE
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
4.1 Résumé des
résultats
4.2 Implications pour la pratique de la traduction
4.3 Limites de l’étude
4.4
Recommandations
4.5 Perspectives de recherche
4.6 Conclusion
4.5
Contributions de l’étude
Références
CHAPITRE
UN
INTRODUCTION
1.1. Aperçu général
La
traduction est un processus complexe qui implique souvent des adaptations
linguistiques et culturelles pour transmettre le message original de manière
fidèle et naturelle. La traduction d'œuvres littéraires est un processus
complexe et à multiples facettes qui va au-delà de la simple substitution mot à
mot. La traduction implique deux langues différentes : la langue source (LS) et
la langue cible (LC). Dans la traduction, ces deux langues sont différentes parce
que chaque langue reflète la culture du pays où cette langue est utilisée. Il
s'agit de rendre l'essence, le ton et les nuances culturelles du texte original
tout en le rendant accessible et attrayant pour des lecteurs évoluant dans un
contexte linguistique et culturel différent. Cette tâche devient encore plus
difficile lorsqu'il s'agit de langues aussi différentes que le français et
l'anglais, où les différences de syntaxe, d'expressions idiomatiques et de
références culturelles peuvent avoir un impact significatif sur le processus de
traduction. En outre, la traduction requiert autant de « savoirs » que de «
savoir-faire » (Quivy : 3).
Parmi
les nombreuses techniques de traduction identifiées par Vinay et Darbelnet
(1958), la modulation est particulièrement pertinente lorsqu’il s’agit de
rendre des expressions idiomatiques, des structures syntaxiques et des nuances
sémantiques d’une langue à une autre. La modulation est une technique de
traduction qui consiste à changer le point de vue, la catégorie grammaticale ou
la perspective d’une phrase tout en conservant son sens global (Vinay
&Darbelnet, 1958). D’après Chuquet et Paillard (1987 :26), «la
modulation se définit de façon très générale, comme un changement de point de
vue. Celui-ci intervient au niveau du mot, de l’expression ou de l’énoncé pris
globalement ; il relève du lexique et/ou de la grammaire ». Selon ces derniers,
la modulation est un processus de la traduction qui cherche l’équivalence et la
variation de la règle en transformant le point de vue, la perspective ou la
transformation de la pensée. Elle
est particulièrement utile lorsque la traduction littérale produirait une
expression maladroite ou inacceptable dans la langue cible.
Selon
Chuquet et Paillard (1989), la modulation peut être classée en différentes
catégories, notamment la modulation de négation, la modulation de passage du
concret à l’abstrait, et la modulation de changement de point de vue. La
modulation de négation consiste à nier le contraire d’un mot ou d’une
expression dans la langue source pour en donner une formulation positive (ou
inversement) dans la langue cible. L’objectif c’est de rendre l’énoncé plus
fluide, idiomatique ou culturellement acceptable dans la langue cible. Par
exemple : « Il n’est pas bête » - « He isclever ».Au
lieu de traduire littéralement par “He is not stupid,” l’anglais préfère
une expression positive pour signifier la même chose. Elle est employéepour
éviter des doubles négations maladroites ; pour mieux coller aux habitudes
linguistiques ou stylistiques de la langue cible et dans des contextes où la
formulation négative pourrait être perçue comme trop brusque ou ambiguë. La
modulation du concret à l’abstrait (et inversement)implique de remplacer une
idée concrète par une formulation abstraite, ou inversement, selon ce qui est
plus naturel ou expressif dans la langue cible. Elle adapter le niveau de
généralité ou d’abstraction en fonction des normes culturelles ou stylistiques
de la langue d’arrivée. Par exemple : « Il a les yeux pleins de
larmes » - « He wascrying ».Le français décrit l’image
concrète (les yeux pleins), tandis que l’anglais exprime directement l’idée
abstraite de l’action. Pour ce qui est de la modulation de changement de point
de vue (ou de perspective) ce type de modulation modifie la manière dont la
réalité est présentée, en adoptant un autre angle d’observation, souvent plus
naturel ou plus idiomatique dans la langue cible. L’objectif vise à Adapter
l’énoncé à une vision du monde, à une structure linguistique ou à une norme
discursive propre à la langue cible. Par exemple : « La route
monte vers le village » - « The village is up the road ».Le
français décrit l’action du point de vue du sujet (la route), tandis que
l’anglais décrit la situation du village par rapport à la route (point de vue
du locuteur).Un autre exemple c’est «It took me threehours to finish the
work »– « J’ai mis trois heures pour finir le travail ».Le
point de vue passe de la durée nécessaire à l’action du sujet.
La modulation
est une technique de traduction cruciale qui consiste à modifier la forme du
message sans en changer le sens. Cette technique est essentielle en traduction
littéraire pour s'assurer que le texte traduit trouve un écho auprès du public
cible tout en préservant l'intention et les éléments stylistiques de
l'original.
La modulation
peut inclure diverses stratégies telles que le remplacement de concepts
abstraits par des termes concrets, l'utilisation de parties pour représenter le
tout, le changement de perspective, l'inversion de termes et l'emploi de
contraires niés. Ces stratégies permettent de combler le fossé linguistique et
culturel entre la langue source et la langue cible. Certaines recherches à
savoir Baker (2018) et
House (2015) soulignent le fait que la modulation s’avère essentielle pour la
traduction des expressions idiomatiques, des références culturelles, et des
éléments stylistiques.
Dans le cas de la
traduction française du roman C’est le soleil qui m’a brûlé de Calixthe
Beyala, la modulation joue un rôle clé dans l’adaptation des expressions
culturelles et des particularités stylistiques de l’original. Dans la
traduction des textes littéraires, la modulation est souvent employée pour
respecter le style de l’auteur et garantir une lecture fluide dans la langue
cible (Ladmiral, 2014). La
traduction d'une telle œuvre en anglais, comme le montre la version traduite The
Sun HatheLookedUpon Me, exige non seulement des compétences linguistiques,
mais aussi une profonde compréhension des subtilités culturelles et du style
narratif.Pour
un écrivain comme Calixthe Beyala, qui utilise un langage fortement imprégné
d’oralité et d’expressions culturelles africaines, la modulation devient un
outil fondamental pour le traducteur. En effet, l’écriture de Beyala se
distingue par une utilisation innovante du français, intégrant des tournures
syntaxiques et des expressions inspirées des langues africaines (Morton, 2005).
La traduction doit alors refléter cette particularité tout en assurant
l’intelligibilité du texte pour le lectorat cible.
Dans
C’est le soleil qui m’a brûlée, Beyala met en scène des personnages
féminins évoluant dans un cadre socioculturel marqué par des traditions orales
et des codes linguistiques propres à l’Afrique subsaharienne (Mouralis, 1997).
La narration repose sur une utilisation poétique du français qui, dans
certaines situations, requiert une reformulation via la modulation pour
préserver à la fois le sens et l’impact émotionnel du texte original. Le
traducteur doit ainsi prendre des décisions sur la manière d’adapter des
métaphores, des proverbes et des structures syntaxiques typiques. Par exemple,
une phrase fortement imagée pourrait nécessiter un changement de perspective
pour éviter une traduction trop littérale qui ne correspondrait pas aux
attentes stylistiques du lectorat francophone.
Dans
le cas de « C’est le soleil qui m’a brûlé » et de sa traduction anglaise
« The
Sun HatheLookedUpon Me »,
comprendre comment les techniques de modulation ont été appliquées peut fournir
des indications précieuses sur le processus de traduction et les difficultés rencontrées.En analysant des exemples
spécifiques de modulation dans la traduction, nous pouvons mieux comprendre le
processus décisionnel du traducteur et les défis liés à la transmission des
nuances culturelles et littéraires de l'original.
1.2.Objective de l’étude
L’objective
de cette étude vise à :
i.
identifier
des cas spécifiques de modulation dans la traduction de C’est le soleil qui m’a
brûlé ;
ii.
analyser
les cas spécifiques de modulation dans la traduction ; et
iii.
évaluer
l’impact de cette technique sur la transmission du sens.
1.3.Justification de l’étude
Cette
recherche est motivée par plusieurs raisons, à la fois linguistique,
littéraires et socioculturelles. L’un des enjeux de cette étude est de
comprendre comment la modulation est employé pour rendre compte de
l’africanisation du français dans l’écriture de Beyala. Cette étude nous
permettra d’évaluer dans quelle mesure cette spécificité est préservée ou
transformée. De plus, cette étude s’inscrit dans le cadre des recherches en
traductologie, en particulier dans l’analyse des stratégies traductives
appliquées aux textes postcoloniaux. Elle apporte également une contribution
aux études littéraires francophones, en mettant en lumière les enjeux de la
traduction des littératures africaines d’expression française. En somme, cette
étude est justifiée par la complexité du texte de Beyala, la pertinence de la
modulation comme outil traductif et l’importance de préserver l’essence de la
littérature africaine francophone dans le processus de traduction.
1.4.À propos du roman
C'est
le soleil qui m'a brûlé
est le premier roman de l'écrivaine franco-camerounaise Calixthe Beyala, publié
en 1987. L'œuvre raconte l'histoire d'Ateba, une jeune femme de 19 ans vivant
dans un bidonville camerounais, élevée par sa tante Ada après la disparition de
sa mère, Betty. Ateba cherche désespérément sa place dans une société où la
voix des femmes est souvent réduite au silence. Le roman explore des thèmes
tels que la quête d'identité, la condition féminine, l'oppression sociale et la
sexualité. Ateba, tiraillée entre des sentiments contradictoires, refuse de se
soumettre aux attentes traditionnelles imposées aux femmes, exprimant ainsi une
volonté de résistance face à l'asservissement sexuel et social. Le style de
Beyala se distingue par une écriture fragmentée et lapidaire, reflétant une
subjectivité féminine en quête d'expression. Elle intègre des termes locaux et
des expressions idiomatiques qui enrichissent le texte d'une dimension
culturelle spécifique. Par exemple, des mots tels que « gâ », « haâ », « kabas
», « gala », « maffé », « kruma » et « sadaka» apparaissent dans le roman,
illustrant l'oralité et l'authenticité du langage utilisé.
Par
ailleurs, l'auteure utilise des figures de style marquées, telles que des
métaphores, des hyperboles et des anaphores, contribuant à une écriture
poétique et engagée. Cette approche stylistique met en lumière les défis
auxquels sont confrontées les femmes africaines, tout en critiquant les
structures patriarcales de la société. En somme, C'est le soleil qui m'a
brûlé est une œuvre poignante qui interroge les normes sociales et offre
une voix puissante aux femmes marginalisées, tout en célébrant la richesse
linguistique et culturelle de l'Afrique.
1.5.
Délimitation de l’étude
La
présente étude porte sur l’analyse de la technique de modulation dans la
traduction de C’est le soleil qui m’a brûlé de Calixthe Beyala. La
modulation, en tant que procédé de traduction, implique une modification de la
perspective ou du point de vue dans le passage d’une langue à une autre.
À
fin de mener cette analyse de manière ciblée et approfondie, notre étude se
limitera à l’examen de certaines catégories de modulation identifiées par Vinay
et Darbelnet, telles que la modulation sémantique, la modulation syntaxique, la
modulation stylistique, la modulation par analogie et la modulation figurative.
Nous nous concentrerons sur des extraits significatifs du texte source et de
leur équivalent dans la traduction, en mettant en évidence les choix effectués
par le traducteur et leurs implications sur le sens et le style du texte
original. Par ailleurs, notre étude ne s’étendra pas à l’ensemble des procédés
de traduction utilisés dans l’ouvrage, ni à une comparaison exhaustive entre la
version originale et la version traduite. Elle se focalisera uniquement sur les
occurrences de modulation, afin de mieux comprendre leur rôle dans l’adaptation
du texte en langue cible.
1.6 Structure de l’étude
La
présente étude est structurée en quatre chapitres. Le chapitre un c’est
l’introduction. Dans ce chapitre, l’objective de l’étude, la justification de
l’étude entre autres sujets sont présentés. Le chapitre deux se focalise sur
l’état de sujet. Ce chapitre aborde les sujets tels que les cadres conceptuels,
théoriques, les opinions des autres chercheurs, les techniques de traduction,
avec l’accent mis sur la modulation et les littératures y afférentes. Le
troisième chapitre se centre sur le cadre méthodologique et l’analyse des cas
spécifiques de modulation. Ce chapitre présente la méthodologie de ladite étude
ainsi que l’analyse de modulation. Le dernier chapitre c’est le chapitre
quatre. Le chapitre quatre s’agit de la conclusion et recommandations. Il
présente également le résumé des résultats, les suggestions pour des recherches
futures.
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